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Sur mes croyances : l’hypothèse erronée de Dieu

12 octobre 2012

Sur mes croyances : L’hypothèse erronée de Dieu

Introduction

J’ai toujours eu des rapports ambigus, paradoxaux et obsédants avec Dieu, la religion, le temps qui passe, le sens de la vie, la mort. Au crépuscule de ma vie, je ressens le besoin de faire le point sur tous ces sujets et sur mes croyances, à partir de ma propre expérience et de livres qui m’ont marqué.

Il m’est arrivé et il m’arrive encore parfois de prier dans des situations difficiles et de souffrances physiques ou psychiques, comme la maladie, la mort d’un être cher, etc.. Dans ces prières j’invoque rarement Dieu, car c'est un concept qui dépend de sa définition et que j'appréhende mal, peut-être dans ce cas un autre moi-même extérieur à ma personne ? J’implore plutôt l’aide des personnes décédées que j’ai connues (famille ou autres) qui m’apparaissent nettement la nuit dans mes prières et dans mes rêves. Arrivé à un certain âge, le monde des morts est parfois hélas plus peuplé et plus présent dans notre mémoire que le monde des vivants. Cependant je n’ai pas l’impression (sauf peut-être une ou deux fois, ce qui n’est pas significatif) que mes prières aient changé quoi que ce soit ! Si je raisonne un peu en scientifique, je n’ai pas l’expérience dans ma propre vie, et surtout quand je considère l’histoire de l’humanité, de l’existence de Dieu : Si Dieu existait cela devrait se voir ou se sentir davantage. Pourquoi alors est-ce plus fort que moi de prier si je ne crois ni à Dieu ni même à l’au-delà ? Probablement parce que ces prières m’apaisent et me consolent dans des situations de faiblesse. Pourtant en toute honnêteté quand mon raisonnement prend le dessus, je trouve cela absurde ! Chez moi comme probablement d’autres personnes, la raison et les sentiments ou les besoins psychiques et spirituels ne vont pas de pair.

Dans ce blog, je reprends les principaux arguments en faveur de l’existence de Dieu et je montre que l’hypothèse de Dieu tel que les religieux se le représentent est extrêmement improbable, je n’y crois pas. Puis je mets en évidence des contradictions dans les définitions habituelles de Dieu ainsi que la faiblesse des preuves cosmologiques, théologiques et de l'absurdité d'une vie sans Dieu. Je termine par une annexe sur des preuves cosmologiques de l'inexistence d'un Dieu concepteur.

 

Définitions, contradictions et réfutations

Dieu existe-t’il ? Qu’est-ce que Dieu ? Nul ne le sait. Voici plusieurs définitions trouvées dans la littérature : 1) Il existe une intelligence surnaturelle surhumaine qui a conçu et créé l’univers et tout ce qu’il contient, entre autres les êtres humains. 2) Il est supposé parfait et bienheureux, omniscient et omnipotent c'est-à-dire tout-puissant. 3) C’est l’Être Suprême, infiniment bon et juste dont tout dépend et qui ne dépend de rien. 4) Il est transcendant c'est-à-dire qu’il existe en dehors de l’espace et du temps, et omniprésent. On pourrait rajouter que pour certains croyants : 5) Dieu intervient quand il le désire pour changer le cours des événements (tels les miracles), ce qui veut dire transgresser ses propres lois pour répondre, par exemple, aux prières des humains. 6) Les êtres humains ont une place spéciale par rapport aux autres formes de vie. Dieu les a dotés d’une âme immatérielle et immortelle. 7) Il est à l’origine de la morale et d’autres valeurs comme la liberté et la justice. 8) Il a révélé certaines vérités par les Saintes Ecritures en communiquant avec des individus choisis. 9) Il ne se cache pas des personnes cherchant les preuves de sa présence.

Fondée sur des traditions locales, l’hypothèse de Dieu se présente sous de nombreuses versions : animisme tribal, polythéisme grec, monothéismes du judaïsme et de ses dérivés, le christianisme et l’Islam. Pour certains, Dieu leur a donné une fois pour toute la vérité. Pas besoin de preuves, d’arguments, de raison, la révélation leur suffit. Ils se jettent à corps perdu dans le Livre qu’ils apprennent par cœur ou commentent à l’infini. Quelle révélation ? La Bible avec ou sans le Nouveau Testament ? Le Coran ? D’autres religions ? Comment choisir ?

Je prétends que l’existence ou la non-existence de Dieu est une hypothèse scientifique comme une autre et que les théologiens n’ont rien d’intéressant à nous dire à ce sujet. Je défends la thèse selon laquelle toute intelligence créatrice suffisamment complexe n’existe qu’au terme d’un long processus d’évolution graduelle, Dieu étant une illusion. D’ailleurs tout Dieu est une invention de l’homme avec des qualités humaines que les gens peuvent comprendre. Ce qui est sidérant, c’est que tant de gens s’accrochent à une image primitive, archaïque datant de l’enfance de l’humanité.

 

Nous allons reprendre chacune des neuf définitions proposées et y mettre en évidence des contradictions ou des réfutations. 1) Un créateur parfait ne peut exister puisque son œuvre (l’univers incluant l’homme) n’est pas parfaite. 2) L’omniscience et la toute-puissance sont incompatibles : s’il est omniscient il connaît et maitrise l'avenir, il n’aura donc pas la toute-puissance de changer ses projets. 3) Si Dieu existait, ses attributs (être tout-puissant, omniscient et parfaitement bon) seraient incompatibles avec l’existence du mal. Or que constate t’on à longueur de journées ? l’évidence du mal, donc l’évidence que Dieu n’existe pas. Notons que le Dieu de la Bible ou du Coran n’est pas particulièrement bon et bienveillant, il est souvent tyrannique et parfois même terrifiant. 4) Un être transcendant (non physique) ne peut être omniprésent et exister (entité physique) partout dans l’espace. 5) Il a été montré par plusieurs expériences à l’aveugle, effectuées en Corée et Duke University sur des malades, que la prière n’a aucun effet positif sur leur santé et pouvait même avoir un effet anxiogène. 6) Excepté des facultés cognitives et intellectuelles supérieures, le cerveau humain est fondamentalement le même que celui des animaux. Les souvenirs, les émotions, les pensées et même la personnalité proviennent de la matérialité du cerveau. Si notre cerveau meurt nous mourons aussi. L’immortalité est une illusion. On évoque souvent l’expérience de mort imminente : lumière banche, tunnel, sortie du corps, etc.. tous ces phénomènes seraient en fait des manifestations de l’asphyxie cérébrale lors de la mort, non d’une vie après la vie. 7) Le sens moral du bien et du mal ne vient pas de la religion car il est souvent en contradiction avec les enseignements des grandes religions monothéistes. Les non-croyants ne s’avèrent pas moins vertueux et charitables que les croyants. A la différence des athées ou des agnostiques, les religieux sont souvent intolérants et sectaires. Dans les pays évolués et laïques, la morale n’est pas fondée sur la religion et encore moins sur les livres saints mais vient du progrès moral de la société elle-même et des droits de l'homme : égalité de droit entre les citoyens, non-discrimination notamment entre hommes et femmes, protection des enfants, antiracisme, abolition de la peine de mort, etc.. Nul besoin d’un Dieu ou d’une religion pour être bons, pour décider ce qui est bien ou mal, et pour penser que la justice vaut mieux que l’injustice, la générosité vaut mieux que l’égoïsme, l’amour mieux que la haine, la sincérité mieux que le mensonge, enfin la douceur et la compassion valent mieux que la violence ou la cruauté. 8) Les Ecritures et les récits de prétendues révélations par lesquels Dieu est censé communiquer avec l’humanité sont des affabulations et des légendes. Ils contiennent des erreurs grossières sur des faits scientifiques. D’après la Genèse l’univers aurait été créé en six jours, il y a environ 10.000 ans et serait un firmament placé au dessus d’une terre plate et immobile ! De plus on n’a jamais prouvé que la moindre prophétie de la Bible ne se soit un jour réalisée. On considère que le péché d’Adam et Eve s’est transmis de père en fils. Drôle d’éthique qui condamne tout enfant à hériter du péché d’un ancêtre lointain ! Les Evangiles comportent des récits invraisemblables écrits bien après les événements qu’ils relatent. Qui peut croire sérieusement que le Christ (s’il a vraiment existé) est né d’une vierge et de Dieu, et qu’il soit revenu d’entre les morts ? Qui peut croire à la transsubstantiation (pain changé en corps du Christ, vin changé en sang du Christ) et à la "sainte trinité", formidable contradiction pour une religion qui se prétend monothéiste? 9) A l’exception pour quelques illuminés qui prétendent l’avoir rencontré, Dieu même présent partout est invisible. Pour les croyants, Dieu se cache pour respecter notre liberté et la rendre possible. L’ignorance où Dieu nous maintient sur sa propre existence ne saurait se justifier par le souci qu’il aurait de nous laisser libres. C’est la connaissance qui libère et non l’ignorance. L’hypothèse la plus simple : Si Dieu ne se montre pas c’est qu’il n’existe pas !

 

 

Faiblesse des arguments (les plus sérieux) en faveur de l’existence de Dieu

Preuve cosmologique

Toute cause a une cause antérieure. Il y a nécessairement eu un moment où rien n’existait dans l’univers. Comme les choses physiques existent, un être non physique (Dieu) les a amenés à exister en leur donnant la première impulsion. C’est donc un argument fondé sur l’idée de régression qui aboutit à Dieu. On présuppose gratuitement que Dieu échappe à cette régression : mais qui a fait Dieu ? Je pourrais être d’accord avec cette idée de première impulsion que l’on pourrait appeler aussi Nature (voir annexe sur le big bang initial qui pourrait lui-même être dû aux fluctuations du vide quantique), mais rien ne justifie qu’on la dote des propriétés qu’on attribue à Dieu : toute-puissance, omniscience, bonté, créativité du dessein, capacité à écouter les prières, à pardonner les péchés, à lire les pensées les plus secrètes.

Preuve théologique de l’improbabilité du hasard

On part de l’observation du monde et on constate un ordre, une complexité indépassable, on conclut là à une intelligence ordonnatrice. C’est ce qu’on appelle la théorie du dessein intelligent. Le monde serait trop ordonné, trop complexe, trop harmonieux pour qu’il puisse être le fait du hasard. Une telle réussite supposerait une intelligence créatrice et ordonnatrice, qui ne peut être que Dieu. Cette théorie fait peu de cas des désordres, des horreurs, des innombrables dysfonctionnements. La mort d’un enfant, une tumeur cancéreuse ou encore un tremblement de terre ne relèvent pas d’un dessein intelligent et bienveillant. En fait la Nature n’est pas Dieu car elle est profondément indéterministe et tend vers le désordre maximal (principe entropique : voir annexe). La vie crée de l’ordre, de la complexité, du sens, mais elle reste fragile locale et provisoire et s’explique de mieux en mieux depuis Darwin : L’évolution des espèces et la sélection naturelle remplace beaucoup mieux et beaucoup plus simplement le plan providentiel d’un mystérieux créateur. On sait maintenant que l’information génétique est transmise par l’ADN des cellules et se modifie par mutations aléatoires. L’évolution est un processus cumulatif qui décompose le problème de l’improbabilité du hasard en petits éléments, chacun d’eux est légèrement improbable sans que ce soit rédhibitoire. Quand ces éléments s’accumulent en série, le résultat en bout de course est fort improbable, hors d’atteinte du hasard. La théorie du dessein intelligent est une théorie paresseuse. Si vous ne comprenez pas quelque chose, ne cherchez pas plus loin et dites que c’est Dieu qui l’a créée. N’essayez pas de comprendre comment fonctionne l’impulsion nerveuse ou la photosynthèse, arrêtez de travailler à ce problème et faites appel à Dieu. On comprend que les créationnistes, partisans du dessein intelligent, s’en prennent au Darwinisme, jusqu’à prétendre l’interdire au nom de la Bible. Si le hasard des mutations crée de l’ordre par la sélection naturelle, on n’a plus besoin d’un Dieu pour expliquer l’apparition de l’homme. La nature suffit. Le principe de vie est l’une des formes d’émergence que l’on retrouve dans la théorie du chaos et qui découle de lois physiques déjà existantes.

Preuve par l’absurdité d’une vie sans Dieu

Cet argument est rarement mentionné, pourtant c’est le seul qui m’ait fait un peu douter. Nous avons la chance inouïe d’être né, mais à l’échelle du temps cosmique, la vie est extrêmement brève et se termine toujours tragiquement. Non seulement un jour nous disparaitrons ainsi que nos descendants, mais l’humanité entière ne survivra pas, probablement bien avant l’extinction de la terre. Dans l’absolu, la vie éphémère qui nous échoit sans qu’on la demande semble donc être une absurdité ! Dieu pourrait-il donner une raison profonde à une vie inutile, futile et dépourvue de sens en nous accordant par exemple une immortalité ou une réincarnation d’ailleurs bien improbable ? Franchement, n’est-ce pas une facilité de penser que Dieu a la responsabilité de donner un sens et une raison d’être à votre vie ? En fait le sens ne se trouve qu’en nous même, que dans l’expérience de la vie même, et ne provient pas d’une autorité extérieure ou d’un plan cosmique plus vaste. La façon vraiment adulte de voir les choses est que nous donnions un sens et une raison d’être à notre vie pour qu’elle soit riche et merveilleuse. Notre vie devrait avoir d’autant plus de prix qu’elle est fragile, éphémère et que nous n’en avons qu’une.

 

Le pari de Pascal

Pascal, convaincu qu’il n’y a pas de preuve de l’existence de Dieu, est prêt à parier sur lui. Nous avons tout à gagner de la religion et rien à perdre : « Si vous gagnez, vous gagnez tout, si vous perdez, vous ne perdez rien » Vous avez donc intérêt à croire en Dieu ! Il y a évidemment une faille dans cet argument. Pourquoi devrions-nous soumettre notre raison à notre intérêt ? La foi ne relève pas d’une décision arbitraire, on ne peut feindre de croire en Dieu car si Dieu est omniscient, il verrait clairement votre supercherie. Pourquoi faudrait-il croire en Dieu si on voulait lui plaire ? Seriez vous prêt à parier sur un Dieu qui préférerait une foi malhonnête à un scepticisme honnête ? En fait on pourrait défendre le pari inverse de Pascal : Si vous pariez que Dieu n’existe pas, vous ne perdrez pas un temps précieux à le vénérer, à lui offrir des sacrifices, à vous battre et à mourir pour lui. Je pense que le pari de Pascal est (consciemment ou pas) très largement partagé par des personnes qui doutent un peu, tout en préservant l'image pieuse et sacrée de Dieu ou du Christ.

 

Univers avec Dieu ou univers sans Dieu

L’hypothèse de Dieu suggère que la réalité dans laquelle nous vivons contiendrait un agent surnaturel qui a conçu l’univers et qui le fait fonctionner avec des miracles pouvant enfreindre ses propres lois. Dieu ne serait pas limité par les lois de la nature, il pourrait les modifier ou les suspendre à volonté, ce qui pourrait expliquer n’importe quel phénomène. La conscience géante de Dieu devrait donc pouvoir se préoccuper des agissements, des émotions et des prières de chaque être humain et de tous les extraterrestres vivant sur d’autres planètes dans cette galaxie et dans cent milliards d’autres ! Un Dieu capable de diriger et de contrôler le statut de chaque particule de l’univers ne peut pas être simple et nécessiterait une gigantesque explication au delà de tout entendement.

Comme le dit A. Comte-Sponville « Croire en Dieu, cela revient à vouloir expliquer ce qu’on ne comprend pas – le monde, la vie, la conscience – par quelque chose que l’on comprend moins : Dieu. C’est une paresse de l’esprit. Comment se satisfaire intellectuellement d’une telle démarche ? Les explications que les religions prétendent apporter à l’existence du monde, de la vie ou de la conscience, n’expliquent en fait rien. Le soleil tourne autour de la terre ou la terre tourne autour du soleil ? C’est Dieu qui l’a voulu ! Nous voila bien avancés ! Que vaut cette explication dans l’un ou l’autre cas si Dieu lui-même reste inexplicable et incompréhensible ?»

L’univers qui possède un créateur surnaturel est donc très différent de celui qui n’en a pas. La présence ou non d’une super intelligence est une question scientifique. Il en va de même pour la vérité ou la fausseté des récits des miracles sur lesquels se fondent les religions pour impressionner les croyants. Pour beaucoup de croyants les prétendus miracles, qui sont contraires aux principes de la science, motivent leur foi. A quoi sert un Dieu qui ne fait pas de miracles et qui ne répond pas aux prières ?

De grands scientifiques qui ont la foi, tel Einstein qui se disait lui-même non-croyant profondement religieux, croient en un Dieu (autre nom donné à la Nature) non interventionniste : pas de miracle, pas de communication personnelle entre Dieu et nous, pas de tripotages avec les lois de la physique. L’évolution apporte une explication à l’existence d’entités qui sans elle seraient tout à fait improbables. Les entités suffisamment complexes pour être intelligentes résultent d’un processus évolutif. La sélection naturelle de Darwin montre comment la vie a pu évoluer depuis une simplicité primitive jusqu’à des sommets vertigineux de complexité avec l’apparence d’un dessein trompeur.

 

Arguments du mal et de la consolation

Comme disait Lucrèce «la vie est trop difficile, l’humanité trop faible, le travail trop harassant, les plaisirs trop vains, la douleur trop fréquente ou atroce, le hasard trop injuste ou trop aveugle pour qu’on puisse croire qu’un monde aussi imparfait soit d’origine divine !» Et A. Comte-Sponville de poursuivre : Comment expliquer l’omniprésence du mal dans un monde créé par un Dieu tout puissant et infiniment bon ? Qu’il y ait du mal et qu’il y en ait tant et si atroce et si injuste, comment le rendre compatible avec l’existence, la toute-puissance et l’infiniment perfection de Dieu ? Il y a trop d’horreurs dans ce monde, trop de souffrances, trop d’injustices et trop peu de bonheur pour que l’idée par un Dieu tout-puissant et infiniment bon paraisse acceptable. Il y a ces souffrances, depuis des millénaires, dont l’humanité n’est nullement responsable : enfants qui meurent de maladie, souvent dans d’atroces souffrances ; millions de femmes mortes en couches. Qui oserait leur parler du péché originel ? Cancers, peste, lèpre, paludisme, choléra, Alzheimer, autisme, mucoviscidose, sclérose en plaques, etc.. Et du coté de la nature il y a les tremblements de terre, les raz-de-marée, les ouragans, les sécheresses, les inondations, les éruptions volcaniques. Les douleurs et les malheurs sont innombrables : la nature seule suffit à les expliquer quand Dieu rend l’horreur inexplicable et inacceptable. La Shoah rend insupportable l’idée même d’un Dieu tout-puissant : tragique faiblesse d’un Dieu faible, désarmé qui n’a pu créer le monde qu’en renonçant à la toute-puissance. Dieu infini d’amour, de justice, de vérité ? Qui n’en rêverait ? Pourquoi préférer que Dieu existe ? Parce qu’il correspond à nos désirs les plus profonds. Ce n’est pas une raison pour y croire ! Une croyance qui correspond à ce point à nos désirs et qui comble nos espérances, prouve qu’elle a été inventée pour nous satisfaire, c’est une illusion !

Le caractère irrationnel de la religion serait le produit dérivé d’un mécanisme inné, à savoir notre tendance à tomber amoureux. La foi religieuse partage des points communs avec l’amour romantique pour une personne réelle, en l’occurrence l’amour intense porté à une personne surnaturelle, Dieu, et la vénération pour les représentations de cette personne. Le « coup de foudre » pourrait être un mécanisme de la sélection naturelle destiné à assurer une fidélité durable pour que deux parents élèvent ensemble un enfant. D’une façon générale on a pu montrer que la conviction irrationnelle protège contre l’inconstance de l’esprit : dans certaines circonstances, il vaut mieux persister dans une croyance que d’hésiter. La persistance irrationnelle pourrait expliquer des aspects importants du comportement religieux.

La religion comble t’elle un vide ? Avons-nous besoin d’un Dieu pour nous servir de confesseur, de confident imaginaire et pour nous consoler ? Le processus de pensée est une sorte de dialogue entre le moi et un autre interlocuteur semblant être extérieur à nous-mêmes (Dieu pour certains), mais cette deuxième voix est bien sûr aussi la nôtre. Beaucoup de gens trouvent réconfort et inspiration dans l’idée qu’ils ne sont pas seuls au monde, qu’un père aimant prend soin d’eux et leur promet une vie éternelle. La religion est censée apporter ce réconfort, en particulier à tous les déshérités et les malheureux de la planète pour qu’ils supportent leur misérable condition en espérant une vie bien meilleure dans l’autre monde.

Qu’allez-vous offrir aux mourants, aux affligés dont Dieu est le seul soutien ? Celui qui a un cancer en phase terminale pourrait être consolé par le médecin qui lui ment en lui disant qu’il va bientôt s’en sortir. Le mensonge du médecin ne reste efficace que jusqu’au moment où les symptômes ne trompent plus le malade, mais celui qui croit à la vie après la mort ne peut jamais perdre ses illusions. La religion est-elle un placebo qui prolonge la vie en réduisant le stress ? Peut-être mais la religion peut aussi provoquer le stress au lieu de l’atténuer. Il est difficile de croire que la santé soit améliorée par l’état de culpabilité morale dont souffrent certains catholiques.

Si quelqu’un a peur de la mort, la croyance qu’il possède une âme immortelle peut le consoler, à moins qu’il ne soit terrorisé par l’idée du jugement dernier. Cependant, même s’il est prouvé que la croyance en l’existence de Dieu est essentielle au bien-être psychologique et émotionnel, cela ne prouverait pas que la croyance religieuse est vraie et que nous survivrons à la mort de notre cerveau. L’esprit a peut-être besoin de croire que la vie a un but qui transcende son plan matériel, mais la consolation qu’apporte une croyance ne lui donne pas plus de vérité : différence entre X est vrai et il est souhaitable pour beaucoup de gens que X soit vrai. On pourrait aussi faire la distinction entre la foi en Dieu et la foi en la foi : Il serait désirable de croire même si cette croyance elle-même est fausse. Beaucoup de gens aiment l’idée de la foi religieuse, tout en admettant à contrecœur qu’ils n’ont pas la foi.

Si les gens croient sincèrement à la vie après la mort, ils devraient trouver que c’est une bonne nouvelle quand on leur annonce qu’ils sont sur le point de mourir. Dans ce cas, une dévote devrait être radieuse et heureuse de retrouver les personnes disparues. Pourquoi les croyants qui viennent à leur chevet ne les submergent pas de messages pour ceux qui sont déjà partis ? Serait-ce qu’ils ne croient pas vraiment à l’au-delà ou qu’ils sont terrifiés par le processus de la mort ? On devrait s’attendre à ce que les croyants ne se cramponnent pas désespérément à la vie terrestre. Or c’est souvent l’inverse que l’on observe !

 

Finalement qu’est-ce que Dieu ?

Je reprendrai ici A. Comte-Sponville dans l’Esprit de l’athéisme. Dieu est inconcevable sinon par analogie avec celui qui croit. Comment s’étonner que les dieux de l’humanité soient anthropomorphes ? C’est vrai des dieux grecs ou latins, c’est aussi vrai du Dieu des trois monothéismes. Il est conçu par analogie avec ce que nous sommes ou connaissons : Dieu est à la nature ce que l’artisan ou l’artiste sont à leur œuvre (architecte, horloger..) ; il est à l’humanité ce qu’un père est à ces enfants, un souverain est à son peuple ; il est à l’église ce que l’époux est à l’épouse. Il ne suffit pas d’interdire les images de Dieu dans le judaïsme et l’islam pour se libérer de l’imaginaire ! Dire que Dieu est spirituel, personnel et créateur c’est de l’ anthropomorphisme, dire que Dieu est Père, qu’il est Amour, compatissant ou miséricordieux comme dans les Evangiles, c’est encore de l’ anthropomorphisme, dire que Dieu est juste, puissant et sage comme font la Bible et le Coran, c’est toujours de l’anthropomorphisme. En fait l’image de Dieu nous ressemble puisque c’est nous qui l’avons inventée ! Mais alors que dire de Dieu hors de tout anthropomorphisme, sinon rien ? Le concept de Dieu devient vide ou inconcevable (j'ajouterais comme est inconcevable le néant et notre moi intérieur une fois mort). Le mot a bien un sens mais nul ne peut penser ce qu’il est censé désigner. Si Dieu est inconcevable, rien ne nous autorise à penser qu’il est un sujet ou une personne, qu’il est juste, qu’il est amour, protecteur ou bienfaiteur. Si l’on ne peut rien dire de Dieu, on ne pas dire non plus qu’il existe, ni qu’il est Dieu. On ne peut finalement échapper au dilemme de l’anthropomorphisme (trop humain, trop compréhensible pour être Dieu) ou de l’indicible (Dieu inconcevable, ineffable, incompréhensible).

 

Conclusion

Pour terminer, je citerai R. Dawkins qui résume très bien ma position :

« L’univers observable a exactement les propriétés auxquelles on s’attendrait s’il n’y avait pas de dessein, pas d’intention, pas de mal, pas de bien, rien, si ce n’est une indifférence sans pitié. La terre et la vie ressemblent à ce qu’on attendrait d’elles s’il n’existait pas de Dieu concepteur. »

En conclusion, la science prouve que l’hypothèse de Dieu est erronée ou du moins que son existence est extrêmement improbable. Libres à vous de croire – nous avons montré qu’une croyance même fausse pouvait apporter un réconfort et une consolation – de ne pas croire, ou de douter, mais cela devrait être une affaire personnelle et intime. La foi religieuse représente pour moi un questionnement, un mystère que j’essaie de comprendre sans y adhérer ; pour la plupart des gens, il s’agit d’une tradition, d’une option de vie transmise par leurs parents et qu’ils perpétuent ; pour de rares personnes c’est une révélation, un éblouissement ou une vénération de Dieu (ou du Christ) ressemblant à la passion amoureuse ; pour d’autres, c’est un ressassement obsessionnel (je pense aux musulmans qui prient 5 fois par jour et invoquent sans cesse Allah) ; enfin pour certains intégristes religieux: talibans, salafistes et autres "fous de Dieu", il peut s’agir d’un dangereux fanatisme tout-à-fait inacceptable (y compris dans les pays musulmans) et qu’il faut combattre. En tout cas, la foi religieuse ne devrait pas nous être imposée dès l’enfance, je suis personnellement opposé au prosélytisme de toute religion et à l’endoctrinement des enfants à la religion de leurs parents.

 

Annexe : Preuves cosmologiques

Les données confirment qu’aucune violation de la loi de conservation de l’énergie ne soit intervenue au moment de la création de l’univers, ce qui infirme l’hypothèse d’un miracle par un créateur. En effet, on sait depuis la célèbre formule d’Einstein E=mc2 que la masse peut naitre de l’énergie et vice-versa. Or on ne constate aucune violation de la loi de conservation (premier principe de la thermodynamique)  au début du big bang il y a 13.7 milliards d’année. L’énergie totale de l’univers semble être nul : Selon Stephan Hawkins, l’énergie gravitationnelle annule exactement l’énergie positive représentée par la matière. Autrement dit la densité moyenne d’énergie de l’univers correspond exactement à ce que doit être l’énergie d’un univers apparu à partir d’un état initial d’énergie zéro, avec une petite incertitude quantique.

D’autre part, si l’univers a été créé, il a dû connaître un certain ordre au moment de sa création. Cette hypothèse est totalement erronée. Selon le second principe de la thermodynamique, l’entropie (c’est-à-dire le désordre total) doit rester constante ou augmenter avec le temps. Or il a été montré par Hubble que l’univers est en expansion. Il a commencé par un chaos total au moment de sa création (trou noir extrêmement dense et chaud), puis il a créé de l’ordre par endroit tout en respectant le 2ème principe du fait de son expansion et de son refroidissement. En effet, l’entropie totale de l’univers augmente avec l’expansion, mais comme l’entropie maximale possible croit davantage, le désordre n’est pas maximal d’où la possibilité d’ordre local. L’univers a donc commencé sans structure, il en possède une à présent dans la mesure où son entropie n’est plus maximale. Le créateur s’il existe n’a donc laissé aucune trace, tout se passe comme s’il n’existait pas.

 

A la célèbre question de Leibniz : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Cette question pose des problèmes conceptuels : comment définir ce rien ? Si « rien » tel le vide possède des propriétés (ce qui est le cas d’après la mécanique quantique) alors « rien » ne serait qu’une vue de l’esprit, il serait en fait quelque chose ! Pour les théistes, la réponse est Dieu, mais alors pourquoi Dieu plutôt que rien ? Pour le physicien le « rien » est instable et évolue spontanément vers une structure plus complexe. Le néant ne pourrait se maintenir sans une action d’un agent extérieur comme Dieu. En conclusion, si Dieu n’existe pas il y a quelque chose !

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